« A girl can wait for the good one...
Et si ce jour là arrive, je sais que nous serons tous les deux prêts, le timing cette fois-ci, sera bon.
Le saut dans le vide.
Ça y est, le bail est signé. Je marche dans les rues dorées du 16ème arrondissement, je suis chez moi, je suis chez moi. Je croise toutes les cinq minutes des jeunes filles qui ont au maximum 15 ans et qui portent déjà plus de marques sur elles que je n'en porterais jamais de toute ma vie. Je suis chez moi, je suis chez moi. La nuit tombe, les appartements s'éclairent. Par les baies vitrées, on peut voir des lustres énormes, des miroirs gigantesques.. Dans un appartement, je dicerne un piano à queue, imposant, qui semble monopoliser tout la pièce, et posé dessus, un bouquet géant de fleurs blanches. Je passerais des heures à espionner le quotidien de ces gens dont le compte en banque est plutôt gaté. J'avais lu des livres, fantasmé à propos de ce quartier qui a vue sur la tour Eiffel.. Mais en vérité, c'est bien plus que tout ce que l'on peut s'imaginer. Il faut le voir pour le croire, dit-on. Et c'est vrai. Ces gens là jouent un film de leur propre vie, sans même s'en rendre compte. Ou plutôt non, ils ne jouent pas, ils vivent, mais ce qu'ils vivent, c'est ce qu'on nous propose à nous, reste du monde. Leurs vies, c'est le rêve que l'on nous vends. Ils ont l'argent, ils ont le pouvoir. Les dames de 70 ans peuvent, si elles le veulent, changer de tour de poitrine tous les premiers lundi du mois. Les hommes se lassent de leur Ferrari comme d'un jouet - c'est humain, me direz-vous.. mais eux, peuvent en changer toutes les semaines. Tout cela est vrai, je n'exagère rien. La plupart de ceux qui liront ces mots se diront que ce n'est qu'un territoire superficiel, ou le bonheur est feint et ou les vraies valeurs se perdent. Peut-être. Mais ce quartier m'accueille, me rassure, me conforte. Les immeubles ne sont pas hauts, ils sont juste là, me protègent du froid, m'abritent du vent hivernal. Personne ne me connaît, ne m'arrête dans la rue pour me demander si je vais bien, et comment va la ptite famille ?! Les gens que je croise aujourd'hui, je ne les recroiserais pas demain. Ici, tout bouge, rien n'est encré. Il ne faut pas s'attacher, tout change très vite. Les tour de poitrine, les Ferrari, les gens. Je n'ai pas la prétention de les juger, je ne fais pas partie de leur monde (moi et mes neuf mètres carrés), et ne les jalouse pas pour ça. Mais cet univers est si particulier, il faut savoir que tout le monde s'active à l'entretenir. Je trouve intéressant que ce qui y vivent, tout comme ceux qui y travaillent, s'activent à préserver cette suprématie qu'ont acquit les gens du 16. Aujourd'hui, j'ai signé un pied à terre dans un tout petit coin de ce paradis. J'ai sauté, à pied joint, sans regarder en bas.